- Pour vous résumer la situation Madame du Paon, nous sommes à l’aube d’un renversement de pouvoir: comme vous devez le savoir, Hernebourg mène cette contrée depuis des années, la tenant lui-même de son père. C’est un homme avisé qui a toujours su prendre des décisions avisées aux bons moments. Or depuis trois ans il se fait seconder par l’éveque Mirand, un vieil ami de la famille, très, trop influent qui s’est petit à petit débarrassé de toute opposition et de tous les autres conseillers dont nous étions. Après maintes tentatives de conciliation avec Hernebourg, nous ne sommes parvenus à aucune entente, ce vieux tyran de Mirand le menant comme une marionnette. La conclusion est aisée à tirer, il s’agit donc de renverser Hernebourg en nous débarrassant de Mirand.
Ursule avait suivi attentivement et, au seul son du nom de l’évêque, elle se dit qu’elle remplirait sa tâche avec délice.
- Et pourquoi avez-vous besoin de moi? Vos genoux trembleraient-ils à l’idée de supprimer quelqu’un? Posa Ursule.
- Pas le moins du monde, répliqua Hubert, mais nous sommes les acteurs de la suite des événements, impossible de prendre le risque de nous compromettre. La chute d’un d’entre nous ferait tomber les autres. Vous êtes l’élément extérieur dont nous avons besoin.
- Et si cela tournait mal pour moi?
- Nous vous en sortirions, nous l’avons déjà fait une fois. Vous n’avez aucune attache ici, nous avons assez de relations avec les dirigeants des contrées voisines pour vous arranger un exil doré en cas de nécessité.
Ursule acquiesca, elle était habituée aux changements d’air.
- Et quel est votre plan? Comment devrai-je procéder?
Ils passèrent trois bonnes heures à mettre sur la table les différentes facettes de l’intervention d’Ursule, chacun y jouant un rôle plus ou moins distant.
La réunion terminée, Ursule entraina Lucas dans la pièce voisine, ils marchèrent côte à côte sans parler. C’était une grande pièce d’où un escalier descendait vers la cave. Les murs de pierre étaient étrangement noircis, Ursule s’en étonna, suggérant un incendie.
- Ce n’est pas de la suie, répondit Lucas, n’as-tu jamais entendu parler de la Part des anges?
- Non jamais..
- Ce sont les vapeurs d’alcool qui s’échappent des tonneaux de cognac qui favorisent ce noircissement, l’ivresse des cieux.
- … L’ivresse des cieux… Jolie expression, elle me plait.
Elle changea pourtant brutalement de sujet
- Tu sais que si cette affaire tourne mal, je disparaitrai.
- Je le sais…
- C’est tout l’effet que ça te fait ?
- Détrompe-toi, je t’ai déjà dit de te méfier des apparences.
- Soit, n’y pensons donc pas. Que feras-tu toi si l’opération est un succès? Je ne te croyais pas avide de pouvoir comme Zerst.
- Je ne le suis pas. Si je me suis engagé à ses côtés, c’est pour régler un compte personnel avec Mirand.
- Un compte personnel?
- Il y a quelques années, il a jugé mes écrits comme déviants. Il m’a fait passer trois mois dans cette prison et m’a laissé ce souvenir.
Lucas souleva sa chemise et montra sur son torse la trace portée au fer rouge d’une croix enrayonnée. Fascinée, Ursule s’approcha et soulevant à nouveau sa chemise, elle déposa un baiser sur la marque.
Leurs esprits s’étreignaient déjà, c’était là leur Part des Anges.
Trax Oberdorn
Commentaires
1. divine-amazone le 12-02-2009 à 01:04:34 (site)
J'attends la suite !
Passe une douce nuit
§Bisous bisous