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Titre du blog : La Part des Anges by Trax Oberdorn
Auteur : La-part-des-anges
Date de création : 05-10-2008
 
posté le 11-10-2008 à 17:38:43

Chapitre 3 - La visite de Madame de Hernebourd

 

 

 

 

             Les jours passèrent, l’auberge commençait à attiter une nouvelle clientèle de bonne société: des dignitaires de la ville, des nobliaux qui venaient s’installer aux tables riches et fournies pour s’affronter verbalement comme les hommes aiment le faire. Par une après-midi morose sans soleil, on frappa obstinément à la porte.

 - Nous n’ouvrons que dans une heure, précisa Ursule en entrouvrant l’indiscret de la porte.

              Un homme approcha son visage et dit:

 - Ouvrez, Madame, nous vous en prions.

           Ursule, intriguée, ouvrit: une femme de haut rang encapuchonnée, visiblement soucieuse de ne pas être vue dans la rue entra prestement, suivie de son compagnon. Elle choisit une table au fond de la pièce, tandis que l’homme se dirigea vers la cheminée, s’y accoudant, pensif.

 - Servez-moi de quoi réconforter un cœur troublé, Madame, annonça la femme en ôtant son manteau. Vous êtes réputée pour votre discrétion, je vous serai grès de ne pas ébruiter notre passage.

             A ces mots, Ursule reconnut Madame de Hernebourd, qu’elle avait croisée à une réception mondaine terriblement guindée et ennuyeuse. La jeune femme était jolie, soigneusement coiffée et aprêtée, mais son visage ne semblait pas accoutumé aux sourires de convenance. D’après les souvenirs d’Ursule, elle était mariée à l’homme le plus influent de la ville, celui sans qui rien ne se faisait. Ursule releva alors la tête et observa l’homme près de la cheminée.

 - …Le Père O: il m’accompagne dans mes promenades, il est le garant de ma sécurité, précisa-t-elle.

              Bien qu’il ne soit pas en tenue écclésiastique, elle se dit que sa prestance et son visage serein seyait à son ordre.

             Ursule opina de la tête et apporta deux verres de Chartreuse. La longueur de l’après-midi et l’absence consternante d’autres clients parvint à délier les langues, les deux femmes riant de bonne grâce aux anecdotes savoureuses du prêtre.

 - Voyez-vous, Ursule, O est le seul ami que je possède et à qui je puis me confier sans retenue.

 Ursule sourit:

- Vous en avez désormais deux, très chère… très chère..?

- Amélie !

- Buvons donc un dernier verre en l’honneur de cette rencontre! Je manque cruellement de personnel, ne pourriez-vous pas me recommander quelqu’un?

- Justement, je connais une jeune fille tout à fait idéale. Elle cherche du travail depuis le décès de sa mère. Nous allons l’aller trouver avant de rentrer à la maison, n’est-ce-pas Père O?

- Je vous suis Madame.

            Ursule serra Amélie dans ses bras avant qu’elle ne sorte, l’assurant qu’elle était ici chez elle.

            Le lendemain, la jeune Inès se présenta à l’auberge, sa valise à la main, semblant y transporter tout ce qui résumait sa vie. Ses cheveux longs et acajou étaient attachés en un solide chignon, laissant échapper quelques mèches de part et d’autre de son visage souriant. Elle avait une belle allure et aurait pu faire illusion dans le grand monde. Ursule l’aima au premier coup d’œil, elle lui expliqua le travail, lui désigna sa chambre sous les toits et l’assura d’un traitement plus que décent en échange de son dévouement;

 - Je peux vous assurer que je saurai vous montrer ma profonde gratitude, Madame.

 

           Ursule sourit. Son affaire lui semblait florissante et cela la réjouissait. La journée fut, contrairement à la précédente, radieuse, les clients se succédant à bon rythme, accueillis avec entrain par la jeune Inès et sa patronne.

 

 

 

 

Trax Oberdorn