Une longue semaine se passa, Ursule endurait chaque jour avec plus de peine que le précédent. Ses plaies commençaient à la faire moins souffrir, mais l’humiliation d’être là enfermée la détruisait à petit feu. Ce jour-là, elle reçut la visite inopinée du père O qui lui assura qu’Amélie et lui faisaient leur possible pour la faire sortir mais qu’ils n’y parviendraient pas par la grande porte. Elle lui demanda d’exposer les faits à Ferdinand Milos, qu’il connaissait sans lui avoir jamais parlé. Ce qu’il fit le jour même.
Le soir, Ferdinand s’entretint avec Hubert, Lucas et Méry Drac, un des autres conspirateurs présents à la Malfiance. Tous s’accordèrent pour dire qu’il fallait prestement la sortir de là, certains pour la réussite de leur plan, d’autres pour des raisons plus héroïques.
- Des souterrains existent entre cette prison et l’ancien Manoir du Brûle, il suffira de trouver un moyen de maîtriser cette vieille harpie qui l’habite pendant quelques heures. Ferdinand vous vous en chargerez.
Milos n’était pas particulièrement ravi de cette tâche, comprenant aisément comment Hubert souhaitait qu’il l’occupa.
- Vous contacterez également ce prêtre: qu’il se débrouille pour nous fournir les clés de la geôle de Madame du Paon. Lucas et Méry vous m’accompagnerez. Nous agirons demain à minuit si nous obtenons les clés.
Ferdinand repartit pour l’auberge, laissant un message pour le Père O à Inès. Elle s’empressa d’aller le lui mener.
Lucas allait et venait dans son bureau. La révélation sur le sort d’Ursule l’emplissait de culpabilité. Il avait interprété son absence comme un sursaut de vexation de sa protégée et avait décidé de la laisser se calmer seule. Ses sentiments étaient confus, il parvenait difficilement à se passer d’elle. Certes il ne l’aimait pas comme un amant l’aurait fait, mais une dépendance s’était rapidement ancrée même dans son esprit. Il refusait de s’attacher, soufflant le chaud et le froid en fonction des réactions d’Ursule. Bien malgré lui, il appréciait cette relation secrète et laissait parfois son cœur s’égarer.
Le Père O investi de sa mission, rendit visite à Ursule, essayant de la rassurer sur son sort. Il appela le garde pour sortir de la cellule et prétexta une prière impromptue pour que celui-ci le laisse dans le couloir sombre. Quelques minutes plus tard, comme il l’avait espéré, passant devant le poste, il constata que le garde était parti discuter avec son collègue et avait laissé la clé sur le dessus de la pile, dans une boîte en bois. Il la saisit et la glissa dans la manche de sa soutane.
- Les rires, l’alcool, le vol, pensa O, je me demande si finalement son Excellence n’est pas dans le vrai.
Si Ursule ne recevait pas d’autre visite d’ici l’intervention de ses « amis », son larcin passerait inaperçu. Il se pressa de retourner à l’auberge et de confier la clé à Ferdinand.
-Vous prendrez soin de remettre les clés dans cette boîte, que je ne sois pas inquiété je vous prie..
- N’ayez crainte.
Trax Oberdorn